– Sexualité –

Le désir et la libido

Le désir sexuel, également connu sous le nom de libido, fait référence à l’élan ou à l’envie ressentie par une personne d’engager des activités sexuelles ou d’avoir des relations intimes. En tant que parent de jeunes enfants, il est important de comprendre les facteurs qui l’influencent, puisque des changements sont souvent observés suite à une grossesse et en ayant des enfants d’âge préscolaire.

Petite tranche d’histoire concernant la libido versus le désir sexuel : Il est important, pour bien comprendre le désir sexuel, de déconstruire ce qu’est la fameuse “libido”. La sexualité vise le plaisir et la proximité émotionnelle. Or, cette vision est plutôt récente, puisqu’elle a longtemps été comme une finalité : le plaisir de l’homme ou la procréation. Le concept de plaisir a été introduit par Sigmund Freud dans une vision, hétéropatriarcal, c’est-à-dire la pénétration avec un pénis comme source de plaisir. Selon Freud, la femme était donc en mesure d’acquérir une sexualité mature si, et seulement si, son plaisir migrait vers le vagin. Pour lui, le clitoris était associé à l’immaturité – le merveilleux paradoxe du fakage d’orgasme! Le concept de libido repose donc sur la perspective de la pénétration comme source de plaisir. Anatomiquement parlant, que ce soit à l’interne ou à l’externe, c’est le clitoris qui s’occupe principalement des sensations reliées au plaisir féminin lors des rapports sexuels. Heureusement, il y a des féministes qui ont pris la parole face à l’importance du clitoris dans l’épanouissement sexuel des femmes. Remercions d’ailleurs Anne Koedt qui, en 1986, a présenté une conférence sur le mythe de l’orgasme vaginal.  Bref, la libido, ce n’est qu’une minime partie de ce qu’est le désir sexuel.

De retour à notre programme initial : Le désir sexuel est multifactoriel. Cela veut donc dire que ne plus désirer d’entretenir des rapports sexuels pénétratifs en ce moment ne veut pas dire pour autant que vous n’avez plus de désir sexuel. 

Veuillez noter que cet article vise uniquement à présenter à titre informatif afin de sensibiliser aux facteurs pouvant influencer le désir post-grossesse.

  • Biologique et hormonal : Le désir sexuel peut être influencé par les hormones, l’état de santé général et la prise de médication (entre autres, la contraception hormonale). En effet, les hormones jouent un rôle dans la régulation du désir sexuel, notamment en lien avec la grossesse et l’allaitement. Également, certaines blessures ou modifications, comme une descente d’organe, peuvent également influencer la sexualité. Toutefois, les facteurs biologiques ne peuvent pas expliquer à eux seuls une baisse de désir. 
  • Le manque de sommeil : il est fréquent de sous-estimer le poids au quotidien d’un manque de sommeil. Après tout, avant de devenir parents, nous avions un plus grand contrôle sur notre niveau de fatigue, ainsi que pour s’accorder le temps de repos requis. Dans ces situations, il est normal d’avoir moins de désir, puisque les ressources disponibles sont avant tout consacrées à traverser la journée. 

  • Le post-partum : suite à l’accouchement, notamment suite s’il a été vécu négativement ou lorsqu’il y a eu des complications, de nombreuses femmes (et hommes) ne se sentent pas prêtes à reprendre les activités sexuelles avec pénétration après quelques semaines. Même en l’absence de contre-indication médicale, il est tout à fait légitime de prendre le temps de se réapproprier son corps, notamment suite aux changements corporels engendrés par la grossesse, si une insatisfaction envers l’apparence est vécue. 

  • Bien-être global : accueillir un bébé est une expérience émotionnellement exigeante et peut générer un grand nombre de changements pouvant affecter le bien-être global, comme l’anxiété, du stress, un état dépressif, une charge mentale importante et la conciliation des nouveaux rôles parentaux. C’est un nouvel équilibre à construire et à établir qui prend du temps, ainsi qu’énormément d’énergie : il faut prendre le temps de réapprendre à se connaître afin de s’engager dans la relation avec l’autre.

  • Besoins affectifs et surstimulation : souvent considéré comme tabou, mais il est commun que le besoin de proximité émotionnelle soit comblé par le fait d’avoir bébé à tout moment du jour et de la nuit. Ceci est temporaire puisque bébé va développer son autonomie au fil de son développement. Également, il est possible de vivre de la surstimulation nécessitant le peu d’énergie restante. 

  • Relation de couple : la satisfaction face à la relation joue un rôle important face au désir, puisqu’une relation vue comme insatisfaisante agit comme un frein au désir. C’est notamment le cas face à une charge mentale jugée fortement inéquitable, de nombreux conflits et reproches récurrents, une insatisfaction face au rôle parental de l’autre ou une sexualité basée sur une dette sexuelle (pour lire notre article sur le sujet, cliquez ici!).

     

  • Contexte de grossesse et normes sociales : plusieurs facteurs extérieurs peuvent avoir un impact sur le désir sexuel, comme une vision de la sexualité visant uniquement la procréation, des difficultés à devenir enceinte, un historique de fausse-couche ou le recours à des traitements de fertilité. D’ailleurs, certaines croyances comme celle que le rôle de mère et d’amante ne peuvent pas être porté par la même personne, ou bien des normes rigides de beauté peuvent avoir un impact négatif sur le désir. 

Mais en moyenne?

Bref, plusieurs choses influencent la reprise des activités sexuelles post-accouchement. Il est observé que les activités sexuelles sont moins fréquentes qu’avant la grossesse et que plusieurs couples n’auront pas de rapports pénétratifs jusqu’à un an suivant l’accouchement. Après l’accouchement, vous n’êtes pas obligé.e.s de vivre votre sexualité de la même manière qu’avant d’avoir votre bébé : votre sexualité peut aussi être non-pénétrative, comme de la masturbation mutuelle, des pratiques orales ou des baisers passionnés.