Comment faire la paix avec son accouchement : quelques réflexes pour faire le deuil de son accouchement idéal (2ème partie)

Par Marilou Lévesque, travailleuse sociale à la clinique Matrescence

Il n’y a pas de manière correcte ou incorrecte de gérer ce que tu vis. Certaines femmes auront besoin de parler, alors que d’autres femmes auront d’abord besoin de temps pour digérer tout ce qu’elle traverse. La meilleure façon de traverser un deuil, c’est la tienne, celle qui te fait du bien, car chaque deuil est unique.

Il y a tout de même de grandes lignes visant le cheminement dans le processus de deuil. Tout d’abord, permets-toi le droit de ressentir et de vivre tes émotions. Reconnaître ses émotions favorise l’acceptation et le processus de deuil, mais également la reconnaissance de vos besoins durant l’accouchement. Surtout, ne banalise pas ces émotions : verbalise ce que tu ressens pour mettre des mots sur l’invisible, mais aussi à ce que tu ressens ici et maintenant.

En reconnaissant le caractère imprévisible de l’accouchement, tu pourras parvenir à mettre fin à ta quête d’un coupable. Avec le temps, quand tu te sentiras prête, valorise les aspects positifs et les bonnes décisions de ton accouchement. Finalement, de faire un retour avec le professionnel qui a fait ton suivi de grossesse, un professionnel en périnatalité ou encore échangé avec des femmes qui ont vécu une situation similaire peut te permettre une introspection, un cheminement et être très bénéfique. Si tu sens que ce que tu as vécu devient envahissant et prend trop de place, n’hésite pas à aller chercher de l’aide, ton besoin est valide et la capacité de faire une demande d’aide est une grande force.

Faire son deuil avec une personne de confiance

Je veux également consacrer un petit paragraphe pour l’entourage d’une maman qui traverse ce type de deuil. En toute bienveillance et certainement dans le désir de protéger et d’aider, certaines personnes vont prononcer des phrases maladroites et contribuant à invalider les émotions, telles que: ‘’ton bébé va bien’’, ‘’tout est beau, profite du moment’’, ‘’oublie l’accouchement, l’important c’est que tout le monde aille bien’’, etc. Bien que ces phrases se veuillent réconfortantes et orientées vers le positif, elles ont plutôt l’effet d’invalider le partage de leurs émotions, mais également de laisser sous-entendre qu’elles ne sont pas normales de vivre des émotions négatives. Alors, qu’au contraire, les émotions négatives sont complètement normales! Lorsqu’une maman vit des émotions négatives, son besoin est d’être entendue, de recevoir de l’empathie et du soutien. Un accouchement, ce n’est jamais banal. Un accompagnement bienveillant après un deuil ou un trauma de naissance, c’est essentiel.

Est-ce qu’il est possible de vivre un stress post-traumatique suite à un accouchement?

Un accouchement vécu difficilement peut également être traumatique en présence de symptômes de stress post-traumatique. En effet, faire des cauchemars récurrents en lien avec ce que tu as traversé, avoir des ‘’flashbacks’’, être particulièrement irritable, en état d’hypervigilance, vivre des difficultés de concentration importantes ou des difficultés à s’attacher à son bébé peut indiquer une complication au niveau de la santé mentale. Au-delà d’un diagnostic, l’important, c’est de recevoir un accompagnement pour aller mieux. Les professionnelles formées et adoptant une approche non culpabilisante peuvent te soutenir à faire un plan de match pour aller mieux. 

Par contre, avoir vécu un accouchement traumatique n’implique pas nécessairement que tu vis un stress post-traumatique. Cela représente tout simplement ton ressenti de ce que tu as vécu. L’utilisation de ce terme est valide, peu importe ce qui s’est passé, car c’est la perception de ton expérience qui en définit le caractère traumatique. Il ne faut pas avoir peur d’utiliser les mots justes afin de qualifier ce que tu traverses.

comment vivre plus sereinement sa maternité ?

La vision que tu as de ton accouchement et de toi-même suite à ce que tu as vécu peut teinter ton sentiment de compétence dans ton rôle de mère et avoir un impact important sur la qualité et le vécu de ta période postnatale. Garde en tête que la tournure de ton accouchement ne définit en aucun cas tes capacités maternelles et que tu peux être une excellente maman malgré un accouchement qui diffère de ce que tu as souhaité, car l’accouchement n’a jamais reposé qu’entre tes mains, il y a de multiples facteurs hors de ton contrôle qui ont conduit à ce que tu as vécu.

Je souhaite conclure en nommant que l’accouchement est une expérience unique que l’on n’a pas la chance de vivre souvent dans une vie. Tu as le droit d’être déçue et amère face au déroulement de celui-ci. Tu as le droit de vivre un deuil, c’est tellement valide et surtout plus répandu que tu ne le crois. Donne-toi le droit de traverser ce processus et de vivre ce que tu as à vivre dans la douceur et la bienveillance. Le temps sera ton allié et plus celui-ci filera, plus tu apprendras à accepter ce que tu as vécu comme une partie de votre histoire et tu en sortiras grandi.

Je t’invite à être douce avec toi-même.

Vous vivez des difficultés et vous avez besoin d’aide?

Il n’est actuellement pas possible de prendre rendez-vous avec Marilou, puisqu’elle est en congé de maternité.