La colère maternelle : comment transformer cette émotion taboue en un puissant levier de bien-être
Par la clinique Matrescence
Devenir parent est une aventure bouleversante, marquée par des émotions intenses et souvent contradictoires. Parmi elles, la colère reste l’une des plus taboues, surtout lorsqu’elle est exprimée par une mère. Pourtant, cette émotion, si souvent jugée négative, peut devenir un véritable levier de bien-être lorsqu’elle est comprise et mobilisée de façon créative.
Pourquoi la colère est-elle si taboue chez les mères ?
Dans notre société, l’image de la mère « parfaite » reste ancrée dans les esprits : douce, patiente et toujours compréhensive. La colère ne semble pas avoir sa place dans ce portrait idéalisé. Résultat ? Beaucoup de femmes ressentent de la honte lorsqu’elles se surprennent à être en colère, se jugeant parfois « hystériques » ou incapables de gérer leurs émotions. Or, la colère est une émotion humaine, normale, et surtout, un précieux indicateur qu’un besoin fondamental n’est pas comblé.
Les bénéfices cachés de la colère
Plutôt que de voir la colère comme une émotion à réprimer, si nous l’accueillions comme un signal ? Un signal que quelque chose ne va pas, que des limites sont franchies ou qu’un besoin est ignoré. Mobilisée dans un contexte favorable, la colère peut même devenir un moteur de changement, d’affirmation et de créativité.
L’autorégulation : transformer la colère en levier de croissance
L’autorégulation, c’est l’art de comprendre et de canaliser ses émotions de manière constructive. Cela ne veut pas dire contrôler ses émotions, mais plutôt les écouter, identifier le besoin non comblé derrière elles, et chercher un moyen de le satisfaire de façon saine. C’est ici que la créativité entre en jeu.
Par exemple, si votre enfant traverse une phase de défis comportementaux, au lieu de laisser la colère s’accumuler, elle peut devenir un déclencheur pour chercher des ressources, discuter avec d’autres parents, ou encore créer un espace de dialogue avec votre partenaire. Plutôt que de s’en vouloir d’être en colère, et si on utilisait cette émotion pour identifier nos besoins et ajuster notre environnement ?
Limites de cet article
Avant de poursuivre, nous tenons à souligner qu’il s’agit d’un article à visée informative proposant une nouvelle paire de lunettes pour voir la colère de manière moins ‘’négative’’. Il ne s’agit aucunement d’une énième tâche à mettre sur vos épaules pour être un parent parfait (parce que ça n’existe pas). De plus, il se peut que vous viviez une situation rendant difficilement applicable l’autorégulation sans aide externe – par exemple si vous vivez des symptômes d’épuisement professionnel/parental ou dépressif sans aide extérieure. Il est également observé que les personnes neurospicy (neuroatypique, comme le TDAH, un TSA, un trouble d’apprentissage, etc.) peuvent vivre des défis d’autorégulation plus importants. À garder en tête! D’ailleurs, est-ce réaliste de pouvoir autoréguler ou rendre sa colère créative en tout temps? Non, et ce, même avec beaucoup de volonté. Cet article vise à être un outil dans votre valise, pas à être une demande supplémentaire.
Concrètement, à quoi ça peut ressembler accueillir et transformer sa colère?
Trois exemples concrets pour mobiliser la colère de manière positive
Un enfant qui teste les limites : Si votre enfant vous insulte ou agit de manière irrespectueuse, il est normal de ressentir de la colère. Plutôt que de l’étouffer ou de culpabiliser, cela peut être l’occasion de réfléchir au besoin qui se cache derrière : est-ce un besoin de soutien, de compréhension ou de renforcement de vos compétences parentales ? Une fois identifié, pourquoi ne pas mobiliser cette énergie pour en apprendre davantage sur le développement de l’enfant et mieux anticiper ces comportements ?
Une injustice sociale : La colère peut également être un moteur puissant pour revendiquer un changement. L’exemple de Myriam Lapointe-Gagnon et de la création de l’organisme Ma place au travail en est un parfait témoignage. Plutôt que de subir l’indignation face à la pénurie de places en garderie, elle a utilisé cette colère comme levier pour mobiliser d’autres parents et initier un véritable changement social. Cette colère collective a contribué à la création de l’organisme Ma place au travail, le premier OBNL donnant enfin une voix aux parents qui, comme elle, ont été confrontés à des difficultés pour trouver un milieu de garde et dû mettre sur pause leurs projets professionnels. L’organisation est maintenant régulièrement présente à l’Assemblée nationale pour défendre les intérêts des parents de tout-petits, mais également pour la qualité des services en milieux de garde.
La conciliation travail-famille : Face aux défis de conciliation, certaines mères décident de redéfinir leur trajectoire professionnelle en choisissant l’autonomie. La colère face aux attentes inflexibles de certains employeurs devient alors un catalyseur pour créer un environnement de travail mieux adapté à leurs réalités familiales.
Un rappel bienveillant : la colère est un signal, pas un échec
Il est essentiel de se rappeler que ressentir de la colère ne fait pas de vous une « mauvaise mère ». C’est une émotion normale, un signal précieux qui mérite d’être écouté. L’objectif n’est pas de l’éliminer, mais de la comprendre et de la canaliser pour qu’elle devienne un outil de transformation positive.
Alors, la prochaine fois que la colère frappe à votre porte, pourquoi ne pas l’accueillir comme un indicateur de changement plutôt qu’un fardeau à cacher ?