– Santé mentale –
La fatigue
«Je m’attendais à être fatiguée, mais pas à ce point-là! »
Cette phrase est souvent justifiée par des réveils fréquents pendant la nuit plusieurs nuits consécutives. C’est normal! Même si nous avons tous déjà connu la fatigue et même si le manque de sommeil est attendu en devenant parent, cela ne le rend pas plus facile. Avant d’avoir un petit humain à s’occuper, il était plus aisé d’être en contrôle de sa capacité à rattraper ce manque de sommeil, ainsi que pour combler les besoins associés à son type de fatigue. Eh oui, il existe plusieurs types de fatigue.
Nul n’est infatigable, même si les limites des uns ne sont pas celles des autres. (Dictionnaire de la fatigue, p.114)
D’un point vu plus philosophique, la fatigue est variable pour chaque personne. C’est d’ailleurs pour cette raison que certaines personnes sont en pleine forme après 6h de sommeil, alors que vous avez besoin de 9h pour être fonctionnelle. D’ailleurs, la fatigue peut être qualifiée de ‘’normale’’, c’est-à-dire une fatigue qui est choisie et peut être soulagée avec une nuit de sommeil, ou bien être ‘’mauvaise’’ lorsqu’elle est vécue négativement et qu’elle altère la motivation au quotidien(1). D’ailleurs, il n’y a pas de corrélation entre l’amour de son enfant et la facilité à traverser des périodes de sommeil intermittent (ça serait bien, par contre!).
En plus du manque de sommeil, plusieurs sources de fatigue peuvent être vécues par les parents. Voici les plus fréquentes :
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La fatigue attentionnelle : il s’agit d’une fatigue liée à la surstimulation. Ce type de fatigue est principalement alimenté par une surcharge d’information à traiter ou à des interruptions constantes de gestes nécessitant de la concentration.
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La fatigue émotionnelle : il s’agit d’une fatigue alimentée par des émotions fortes ou une impression d’être coincé. Beaucoup d’énergie est alors consacrée à réfléchir ou à occuper une grande place dans son esprit, comme la culpabilité.
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La fatigue de compassion : il s’agit d’une fatigue de connexion avec les autres. En tant qu’humains, nous sommes des personnes sociales cherchant à connecter avec d’autres. Toutefois, donner sans compter peut épuiser sa capacité à connecter avec les autres.
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La fatigue cognitive/décisionnelle : il s’agit d’une fatigue liée à la charge mentale et aux interruptions fréquentes. Être parent est généralement peu reposant, mais toutes les décisions, les réflexions et les interruptions fréquentes pour mener à terme une planification ou une tâche nécessitant de la concentration peuvent mener à cette fatigue.
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La fatigue d’ennui : il s’agit d’une fatigue liée à la sous-stimulation cognitive. Eh oui, l’absence de stimulation cognitive ou d’un manque d’interaction positive sur une longue période peut également générer une fatigue face au sens de la vie.
Bien que l’amour pour ses enfants peut donner l’impression d’être capable de soulever des montagnes, celui-ci ne permet pas de devenir un super-humain en mesure d’ignorer tous ses besoins physiques et psychologiques. De plus, la plupart des mamans vont quotidiennement faire du travail en simultané (aussi appelé travail multitâche), vivre des interruptions ou faire des tâches durant les moments qui pourraient servir de repos2. Pour le cerveau humain, ces interruptions sont épuisantes3, contribuant ainsi à la fatigue ressentie, en plus de réduire le temps de récupération. Pour prendre soin des autres, il faut avant tout prendre soin de soi-même. Cela passe notamment par l’écoute de ses besoins, par le respect de ses limites réelles et par le refus des normes impossibles imposées aux mères.
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Vous n’arivez pas à reprendre le dessus sur votre fatigue?
Sources :
1 Zawieja, P. (2016). Dictionnaire de la fatigue. Librairie Droz. p.114, 202-203.
- Moyser, M. et Burlock, A. (2018). Femmes au Canada: rapport statistique fondé sur le sexe, emploi du temps: la charge de travail totale, le travail non rémunéré et les loisirs (890503X). [Rapport]. Statistique Canada.
3. Lupien, S. (2023). Le stress au travail vs le stress du travail : comment réinventer le travail pour diminuer le stress. Éditions Va Savoir.