– Santé mentale –
Les violences obstétricales gynécologiques
Violences obstétricales et gynécologiques. C’est intimidant comme terme, vous ne trouvez pas ?
Une violence obstétricale, ce n’est pas forcément une maltraitance radicale ou un geste d’une grande violence. Il s’agit de comportements ou de traitements qui manquent de respect, inappropriés ou dégradants face à la femme durant son suivi ou son accouchement.(1) Ces comportements intentionnels ou non affectent négativement la dignité de la personne enceinte, voire sa sécurité ou sa liberté, ainsi que son expérience de sa maternité. Ces actes ne sont d’ailleurs pas justifiés médicalement ou bien ils sont obtenus sans le consentement libre et éclairé de la femme. Pour ces femmes, cela peut avoir des conséquences très négatives, comme une perte de confiance face à ses propres capacités ou une grande anxiété, mais également briser le lien de confiance envers son professionnel de la santé dans un moment particulièrement vulnérable où la solitude peut être douloureuse.
Ces commentaires peuvent prendre différentes formes, comme des blagues déplacées, par exemple « où le médecin s’installe pour faire un toucher vaginal et dit : “est-ce que je suis dans le bon trou, moi ?”(2) », par des actes non consentis et/ou non essentiels, comme des touchers ou une exposition des organes génitaux, sous forme des commentaires culpabilisants, par exemple sur la prise de médicament pendant la grossesse, ou bien l’invalidation du vécu. Par exemple, la phrase la plus répandue est l’affirmation “au moins ton bébé va bien”. Bien que celle-ci puisse partir de bonnes intentions, elle invalide la détresse ressentie, contribue à invalider le deuil de l’accouchement souhaité, en plus d’être culpabilisant.
pourquoi parler de violences obstétricales ?
Au Canada, la plupart des nouvelles mères se disent satisfaites de leur accouchement (2). Malheureusement, pour celles ayant vécu de manière négative leur accouchement, plusieurs nouvelles mamans nomment avoir l’impression d’avoir perdu le contrôle de leur corps et s’être senties incompétentes face à leur propre accouchement. De nombreuses femmes vont d’ailleurs se sentir seules face aux émotions négatives, mais également mettre en doute leurs compétences parentales, rêver régulièrement de leur accouchement ou vivre du dégoût envers leur corps. Les émotions négatives peuvent d’ailleurs persister pendant plusieurs années suite à l’accouchement, mais également être un frein face au souhait d’agrandir la famille.
Bien que le corps puisse être physiquement rétabli de l’accouchement, il demeure que la tête et le corps sont en constante interaction. Autrement dit, il se peut qu’après avoir vécu une expérience négative d’accouchement, vous soyez réticences à être actives sexuellement. Se rétablir émotionnellement de son accouchement et se réapproprier son corps, c’est tout autant important que de se rétablir physiquement.
Et si je crois que j’ai vécu des violences obstétricales et gynécologiques (VOG) ?
Lorsqu’on vit quelque chose qui met en jeu notre intégrité physique ou émotionnelle, il est courant de se remettre en question, d’avoir des doutes sur nos perceptions ou de ressentir un malaise. Toutefois, vous n’êtes pas obligées de catégoriser votre expérience de violence si cela vous rend inconfortable. Au contraire, cela peut vous permettre de mettre un terme à votre expérience d’accouchement et de valider celle-ci. Dans tous les cas, vos émotions négatives sont valides et vous n’êtes pas seules.
Sources :
1 Audrey Ferron Parayre, spécialiste des questions juridiques dans le domaine médical : https://www.uottawa.ca/faculte-droit/droit-civil/nouvelles/lever-voile-violences-obstetricales-gynecologiques
2 Lévesque, S., Bergeron, M., Fontaine, L., Rousseau, C. (2018), Violence obstétricale dans les soins de santé: une analyse conceptuelle, Recherches Féministes, vol.31, no.1, p. 219-238